2022 commence de manière un peu brutale pour moi. Entre le COVID, le cancer de Ju, la mort de ma tante, la mort de la grand-mère de la femme du Titan, les douleurs dans son thorax, le cancer de S. l'amie de l'autre Titan ... C'est une charge à porter qui n'est pas facile. Evidemment, tout n'est pas que mauvaise nouvelle. Hier était une bonne journée et je sais qu'il faut voir du gris pour voir du bleu, mais tout de même. L'année 2022 est brutale pour le moment.
Est-ce que c'est mon avidité qui en est la cause ? Je ne peux pas m'empêcher de voir le monde à travers mon propre prisme. J'imagine que c'est aussi une manière de me rassurer en me disant que si je suis la cause de tout ça, je peux changer les choses voire les maîtriser ... Je connais ce mécanisme et je comprends ses limites. La maladie n'en a rien à foutre que je souhaite avoir de l'argent. La maladie n'en à rien à foutre du sexe, de la couleur de peau, de l'âge, du statut social, etc. Bien que ça puisse jouer, le cancer peut se déclencher à tout moment et chez tout le monde.
Pendant longtemps et aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais joué le rôle principal de ma vie. J'étais celui qui aide d'autres personnages principaux. L'évolution de cette manière d'agir m'a fait arriver jusqu'à ma femme et il a fallu un cancer pour que je me pose la question : "Est-ce que c'est parce que j'ai peur d'être le personnage principal de ma propre vie que je me sens si triste depuis si longtemps ?".
Genre vraiment, c'est en parlant avec Ju que l'idée à germer et ça fait quelques jours qu'elle me trotte en tête. Est-ce que j'ai le droit ? Est-ce que j'en ai la capacité ? Qu'est-ce que je dois faire ? Est-ce que des gens vont m'aider à y arriver ? Est-ce que je peux briller, vraiment ? Moi je me suis toujours cacher derrière le fait que "j'aimais pas être dans la lumière". Mais je me dis que si j'avais été mis dans un contexte où c'était valorisé, j'aurais vécu les choses différemment. Aujourd'hui, les choses me semblent différentes. J'ai l'impression d'être face à moi-même et je me demande si je dois m'écouter ou pas.
En même temps, je trouve du sens à la soigner. Je me plie en 4, je m'occupe de tout dans la maison et c'est OK. Quand je vois que je lui apporte une forme de réconfort, ça me fait me sentir vivant. J'ai la chance de pouvoir être là pour elle et je ne veux surtout pas abandonner ça. Le sens du sacrifice, qu'ils disent ...
Hors de toutes ces considérations un peu folles, on commence à retrouver de plus en plus de cheveux de Ju un peu partout. J'essaye de les enlever le plus rapidement possible parce qu'elle culpabilise énormément à ce sujet. Samedi, on va aller chercher une perruque pour qu'elle puisse mieux vivre la perte de ses cheveux. On avait acheter des accessoires d'une marque spécialisée (les franjynes) pour couvrir cette période de transition. Je prie tous les jours pour qu'elle arrive à ne pas trop mal le vivre mais c'est un tel coup de massue que c'est difficile à passer outre.
Parfois, je voudrais pouvoir dormir jusqu'au mois Septembre pour me réveiller et que tout soit terminé. Mais il faut croire au processus. Il paraît que l'important c'est pas l'arrivée, c'est la quête.